


Une scène, entre ciel et mer
20 panneaux, impression sur aluminium
Le Grand Espace
Centre des arts de la scène Jean-Besré
250 Rue du Dépôt, Sherbrooke
à l'angle de la rue Wellington Sud
D’abord une chaise, un objet sculptural qui prend ici plusieurs significations. Elle devient la position du spectateur, sa place dans l’espace du théâtre, son espace unique, transporté par le récit. La chaise c’est aussi l’acteur, le personnage fictif, absent sur la chaise mais signifiant sa présence par cet objet qui semble flotter. La chaise c’est aussi la solitude du spectateur, transporté, envahi par l’imaginaire.
Puis, le rideau, le vent qui souffle et qui danse, comme une bouffée de rêves. Bien entendu, ce rideau c’est aussi le rideau de scène, mais ici plus léger, transparent. Le rideau c’est l’entrée en scène de tous les possibles. C’est la légèreté de la danse. C’est l’onirisme et le rêve. C’est une présence fantomatique, un personnage imaginaire issu de la photographie spirit du début du 19ème siècle.
La vague… Cette présence de l’eau, comme la mer, rappelle la présence des deux rivières qui se rencontrent à Sherbrooke. La chaise flotte mais demeure fixe malgré la force du courant.
Puis, il y a le fond, un espace positif, la scène. Le fond avec ses nuages c’est ce lieu, intérieur et extérieur, nulle part et partout à la fois. Un espace habité par un paysage où la mer et le ciel se rencontrent. Cet espace c’est le théâtre lui-même, le récit de tous les possibles rendus visibles. La mer arrive par le bas pour envahir le spectateur pendant que celui-ci a la tête au ciel, rêveur, dans le voyage que lui propose le récit.
Cette chaise et ce rideau sont un motif récurrent dans mon travail personnel depuis plusieurs années. C’est donc dans la volonté de créer une œuvre polysémique, à la fois publique mais aussi profondément personnelle, que j’apporte cette image à ce nouveau bâtiment à Sherbrooke.
Cette image nous renvoie à la vocation du bâtiment. De par sa nature, elle deviendra un repère visuel dans le quartier et dans la ville. De par sa taille et sa facture, elle demande une sorte de transcodage qui implique et retient le spectateur. C'est une compression, comme une phrase, une poésie. Elle nous éloigne de la perception factuelle de la réalité et souligne ainsi le caractère fictionnel de la représentation. L'image devient plus proche de la mémoire que de la réalité. Une scène.


